du 24/11/2016 au 30/12/2016

Bernard Rancillac > La peau du monde

communiqué de presse

Vernissage et signature de son livre « Journal du peintre 1956-68 », éditions Hermann
Jeudi 24 novembre à partir de 17h

 

Aller aux limites d’un regard pour lequel tout fait image, c’est à presque 80 ans, le défi que nous pose Bernard Rancillac, peintre de la Nouvelle Figuration. On connaît son œuvre colorée, au graphisme efficace, réalisée à partir de photographies, son univers proche de la bande dessinée, du sport, du jazz, de l’actualité, ses portraits « politiques » d’hommes ou de femmes connus ou anonymes qui participent du « spectacle » du monde. Des images faites pour éveiller la conscience et non séduire, qui toujours donnent à penser en nous obligeant à ne pas oublier les combats de l’Histoire et nous impliquent de plain-pied dans le présent. […]

Rancillac tend aujourd’hui, sur des châssis en bois, des tissus imprimés selon les principes traditionnels de la toile tendue en peinture, une « peau du monde » sur laquelle il a porté le regard mais sur laquelle il n’intervient pas autrement que par ce regard, la mise sur châssis et le cadre. Il utilise certes un matériau « ready made », qui inciterait à classer sa démarche à la suite de Duchamp, mais il s’agit d’autre chose. […]

Ainsi, parmi les milliers de propositions et le choix des tissus des magasins spécialisés ou des marchés, il n’en retient qu’une et une seule et la met en scène sur le châssis, la donne à voir. L’acte de peindre est là, encore et toujours, même s’il s’agit de peindre sans peinture, de provoquer l’interrogation ou le doute. […]

Comment rendre visible l’invisible ? Comment voir ce qui n’est pas représentable ou représenté. Vastes questions auxquelles Rancillac donne une réponse : la Peau du monde est ce corps des femmes qu’il n’a pas peint sur la toile et que pourtant, à n’en pas douter, nous voyons.

Aussi bien sur le plan de la forme que sur le plan métaphorique, le sens de ce travail surgit de cette absence présence, à la fois de la peinture comme médium et du corps comme objet de la représentation. […]

Un tissu «tissé d’absence» dont on ne peut, non plus, occulter la fonction primordiale et universelle, voire esthétique. Ces Peaux du monde, associées parfois en diptyque ou triptyque, opèrent une mise en équivalence entre les cultures, les couleurs et les motifs qui se répondent ou se combattent, en un nuancier infini, convoquent en nous d’autres images, en appellent à notre subjectivité, à nos affects, au bon ou au mauvais goût, font appel en ce sens aux mêmes rapports chromatiques que ceux que nous connaissions dans les toiles figuratives du peintre. […]

Bernard Collet

Novembre 2010 > lire la totalité du texte