Pour cette troisième exposition à la galerie Jean Brolly, Tadzio présente « Tokyo Flow », une vidéo qui se nourrit de la densité du flux des passants dans la capitale nippone.
La foule s’écoule inexorablement à travers les rues où l’individu, englobé dans cette masse en mouvement, est effacé. Afin de renforcer le caractère impersonnel de ce déplacement humain, l’image laisse apparaître d’une part le sujet proprement dit – la foule – représenté flou, et d’autre part la ville, aux contours nets. Les passants se croisent dans tous les sens comme sur une scène de théâtre, dans l’une des villes les plus peuplées au monde, et pourtant cette marrée humaine semble ici comme figée dans le temps.
La musique qui accompagne la vidéo, composée par Thomas Fernier, renforce le caractère affolant de cette réalité urbaine en créant une atmosphère inquiétante.
De cette vidéo, Tadzio a extrait un ensemble de photogrammes qu’il a volontairement choisi de présenter en tous petits formats. Toute l’attention du regardeur est donc portée sur ce condensé d’une humanité difficilement identifiable faisant glisser la vision d’un cadre anonyme à une sphère plus intime. Notre regard plonge dans ces documents à peine plus grands qu’une diapositive dans l’espoir d’y retrouver un visage.
Une série de photos intitulées « Matière » est présentée en vis-à-vis. Là encore, comme une ombre, une silhouette traverse furtivement un espace figurant un mur en gros plan sur lequel le temps a laissé son empreinte.
Tadzio met une nouvelle fois l’accent sur le furtif et l’éradication de la notion de temps, par des scènes dans lesquels l’homme tient une place à la fois majeure et anonyme. Chaque moment est unique et nous échappe. Il y a juste à se laisser emporter par la réalité de ses images, à imaginer l’avant, l’après. Tous ses sujets se nourrissent de la simple dramaturgie quotidienne. Ils échappent à toute référence contingente au lieu et excluent toute situation exceptionnelle. Ses recherches photographiques et filmiques s’inscrivent dans une veine documentaire et utilisent les procédés de dramatisation propre à la publicité et à la mise en scène.
Tadzio (1975) vit et travaille à Paris