du 04/09/2020 au 10/10/2020

Nouveau jour

communiqué de presse

Qui peut encore prétendre face aux surprenantes toiles figuratives de Mathieu Cherkit que la peinture est désuète ?

Au fil des années, rien ne perturbe la démarche du peintre, même pas le récent déménagement qu’on croyait impensable tant son travail était lié à sa maison familiale de Saint-Cloud qu’il a représentée à maintes reprises dans les moindres détails, sous des angles variés.

Depuis deux ans, Mathieu Cherkit a élu domicile à Vallery (Yonne), dans une ancienne école et mairie, avec jardin, à deux pas du château des Condé dont il domine, depuis le premier étage, le grand bassin historique. 
« Nouveau jour » est le titre qu’il a choisi pour sa 5e exposition personnelle à la galerie Jean Brolly, comme pour bien indiquer, cette nouvelle étape dans sa vie d’artiste. 

Si toutefois il a pu s’affranchir d’un lieu lourdement chargé tant affectivement que matériellement,  il n’a pas pour autant laissé derrière lui son style original, facilement identifiable. D’ailleurs, sa nouvelle maison a été choisie suivant certains critères parmi lesquels la présence de traces du passé, et la décoration et l’aménagement qu’il en a fait sont propices à lui fournir de nombreux motifs. Ainsi, dans ses nouveaux tableaux, on retrouve certains éléments familiers d’un passé encore proche : sol en tomettes ou carreaux de ciment, cache-pot en céramique, fauteuil de velours pourpre, yucca, bibelots, sans oublier les murs aux couleurs lumineuses. Un changement géographique qui n’implique pas, au premier regard, une transformation radicale dans sa pratique. Mathieu affectionne toujours la matière picturale et conserve cette « patte » caractéristique avec une couche épaisse et généreuse, des débordements et des empâtements volontaires. On retrouve donc toute la fantaisie à laquelle le peintre nous avez accoutumé, avec un style et un univers uniques.

Pourquoi Mathieu Cherkit s’acharne t-il à vouloir représenter la banalité de son intimité ? Tout simplement parce qu’il cherche à captiver notre curiosité et ainsi, à nous faire retrouver le regard innocent d’un enfant. Avec un simple coquelicot dans un pot de yaourt en verre sous un lavabo, un vide-poche qui a la forme de l’île de Porquerolles, des ciseaux sur l’accoudoir d’un fauteuil ou encore un rouleau de papier toilette déroulé sur le sol, dans le tableau intitulé « Cycle », Mathieu parvient à nous enchanter. 
Si le sujet des tableaux reste un prétexte, rien n’est laissé au hasard. Dans la grande tradition du peintre et son modèle, Mathieu Cherkit, en vrai coloriste, compose des études préparatoires aux crayons de couleurs, feutres ou pastels dans ses carnets de croquis.

Semblable à un kaléidoscope, ce nouveau terrain de jeu recèle mille et une facettes où toute logique semble bannie. Seul compte, comme l’étymologie grecque du mot l’indique le « beau », la « forme » et l’ « observation ». Ces espaces clos, scrutés par Mathieu, deviennent ainsi de brillantes et facétieuses mises en scène théâtrales entre réalité et fiction. Le désordre, puisque désordre il y a, permet à l’artiste d’élaborer d’habiles compositions où le figuratif côtoie des motifs abstraits. L’artiste se nourrit de ce presque rien à portée de main car il sait que derrière chaque objet se cache une part de mystère d’où peut jaillir, par la couleur, un phénix. Modifiant à l’infini son univers, jouant le trouble-fête par des maladresses ou des incohérences, il perturbe notre regard par de subtiles variations sur l’espace sans se soucier d’une rencontre fortuite entre la bidimensionnalité et la tridimensionnalité.

Dans un monde où les images numériques et celles transformées par photoshop règnent en maître, où les réseaux sociaux ne sont que des théâtres d’ombres, l’extraordinaire plasticité de ces insolites compositions prouve que ce médium n’a rien perdu de son pouvoir et de sa faculté à nous surprendre.
Si les peintures de Mathieu Cherkit restent envoûtantes, c’est qu’elles sont avant tout chargées du plaisir que l’artiste a eu à les peindre. Un plaisir qu’il cherche à nous faire partager.
Rien n’est à comprendre dans « Nouveau jour », tout est à savourer.