Comme de coutume, les dernières peintures de Daniel Schlier surprennent et déconcertent.
Intitulée « Les fantômes sont d’excellents géomètres » – titre pour le moins énigmatique –, cette nouvelle exposition interroge les mécanismes de représentation qui animent l’artiste depuis ses débuts.
En véritable poète visuel, Daniel Schlier prend plaisir à manipuler certains éléments iconographiques de manière à explorer des territoires imaginaires qui échappent à toute conformité. L’ambiguïté est à son comble lorsqu’il ose associer des chevaliers en armure avec des moteurs, des chaises design avec des crânes, des arbres avec des cravates ou encore des montagnes avec des yeux et des bouches. Dans cette dernière série Daniel Schlier confronte principalement une figure géométrique, le rhomboèdre, avec des visages fantomatiques auxquels il incorpore parfois dans la composition, des lézards. Inévitablement, une telle collision perturbe le regard et plonge le regardeur dans une situation d’inconfort, qui toutefois provoque l’émulation. Le regard s’interroge devant une telle représentation à la tension secrète. Entre langage et image, cet univers chaotique défie tout discours ou analyse logique – une manière de rendre visible le fortuit ou l’impensable.
Daniel Schlier pousse le trouble jusqu’à l’utilisation d’une technique picturale ancienne, celle du fixé sous verre. Connue depuis l’Antiquité, la peinture sur verre inversé était très prisée pendant la Renaissance parmi un cercle d’humanistes, avant de devenir très populaire à partir du XVIIIe dans toute l’Europe. Ainsi, c’est la face du verre non-peint qui est donné à voir, telle une surface protectrice. Le travail de peinture quant à lui, est réalisé à l’inverse, comme de « l’autre côté du miroir ». Par ce procédé, l’artiste doit imaginer à l’avance le résultat recherché, travaillant d’abord les détails avant de les recouvrir par des fonds, car aucun repentir n’est permis.
De toute évidence, en absence de message clair, c’est à notre mémoire que Daniel Schlier s’adresse puisqu’à partir de tous ces fragments manipulés et assemblés on doit être en mesure d’identifier leurs origines, et, libre à nous, d’élaborer une interprétation personnelle.
Né en 1960 à Dannemarie (Haut-Rhin, France), Daniel Schlier vit et travaille à Strasbourg.
En 2003, le Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg lui a consacré une exposition personnelle accompagnée d’un important catalogue. Actuellement, ses œuvres sont présentées à la Fondation Fernet-Branca à Saint-Louis dans l’exposition collective « L’atelier contemporain ».
En janvier 2019, une exposition « Daniel Schlier et Elmar Trenkwalder » aura lieu à la Fondation Salomon (Annecy, du 17 janvier au 31 mars).
Ses œuvres sont présentes dans de nombreuses institutions publiques, telles que le Fonds national d’art contemporain, le Musée d’art moderne de la ville de Paris et de nombreux FRAC (Alsace, Aquitaine, Franche-Comté, Poitou-Charentes, Rhône-Alpes, Ile-de-France et Limousin).