du 04/09/2010 au 09/10/2010

Morsure

communiqué de presse

Lors de ses précédentes expositions, les sujets des tableaux de Adam Adach renvoyaient généralement à sa Pologne natale, quittée en 1989. Les images peintes, liées à un contexte historique, géographique, social ou familial simposaient delles-mêmes à notre regard dans un rapport évident à une mémoire collective.

Dans cette exposition intitulée « Morsure », Adam Adam nous offre un ensemble de nouvelles toiles aux thèmes variés. La Pologne nest plus quun lointain souvenir et le Portugal devient le sujet principal comme ces petites toiles bleues intitulée Parloir et Peniche Fairy Tale qui évoquent les décors des carreaux de faïence (azuleros) qui ornent les intérieurs et façades de bâtiments.

Deux histoires, peut-être plus, semblent ici sentremêler ou établir des connexions sans que lon puisse déterminer véritablement le fil narratif. Histoires de vacances avec Quitter le continent, la fuite dune famille sur la plage avant lorage dans Retour précipité, des jeunes qui samusent dans Piscine, Headstand ou encore ces danseuses qui jouent avec leurs jambes, allongées sous un ciel bleu azur (Monotonous Dance).

Les autres tableaux paraissent plus énigmatiques avec la présence dun serpent dans le tableau Morsure, qui donne le titre à lexposition ; dun âne, dune tête qui jaillit dun fond noir telle un vampire (Ego) et le mot « Kapital » qui envahit la surface dun autre tableau.

La plupart de ces œuvres ont une référence précise, leur composition exploite des sources photographiques variées, trouvées ou prises par lartiste, des écrits comme dans L’effort humain (titre d’un poème de Jacques Prévert) ou la lettre dun prisonnier illustrée par un dessin, à son jeune fils.

Adam Adach part toujours dune réalité et pourtant, il donne limpression de vouloir la fuir – de se dérober par une peinture que lon peut qualifier danti-naturaliste. Tel un « arrêt sur image », son monde fonctionne comme un souvenir insistant qui se matérialise par des touches de couleur désordonnées et dissonantes.

Avec une palette surprenante, il prend plaisir à juxtaposer des touches translucides à des touches de couleur vives ou complètement éteintes. Dans lune de ses toiles, il nhésite pas à travailler à la bombe – manière de revendiquer sa liberté et de saffranchir dune certaine tradition.

Souvent le sujet dune stupéfiante banalité est esquissé par un pinceau furtif qui ne ménage pas la matière picturale, comme si la peinture se désagrégeait sous nos yeux et partait à la dérive. Le fruit défendu, avec ses taches rouges habilement réparties dans une dominante de vert et de gris mastic, exprime parfaitement cette impuissance de la peinture à se stabiliser. Telle une ébauche, elle illustre le pouvoir hypnotique de sa peinture, mais aussi les doutes de sa pratique.